Un cadre d'investissement aux règles connues
L'incertitude est l'ennemi de l'investisseur. Immobilier, bourse, actifs exotiques, vous ne savez jamais combien vous aurez dans 5 ans.
Le Produit Structuré (souvent appelé "Fonds à formule") répond à ce besoin. C'est une obligation (titre de créance) émise par une banque (BNP Paribas, Goldman Sachs…) qui fixe les règles du jeu à l'avance :
- La durée maximale : connue à l'avance (ex: 12 ans maximum, avec possibilité de fin anticipée).
- L'objectif : un rendement fixé (le coupon), par exemple 5 % ou 10 % par an.
- La sécurité : un niveau de garantie (jusqu’à 100 %) du capital choisi à la souscription.
Attention : la plupart des produits (Phoenix, Athena) prévoient un arrêt anticipé. Si l'indice est stable ou positif à une date anniversaire, le produit s'arrête et vous rembourse le capital + les coupons (gains) de toutes les années écoulées.
Deux stratégies pour deux profils d'investisseurs
C'est la distinction la plus importante. Le terme "Produit Structuré" regroupe deux réalités très différentes selon votre appétence au risque.
Capital 100 % Garanti 🛡
Pour qui ? L'investisseur prudent qui refuse toute perte, mais veut mieux que le fonds euros.
- Garantie : 100 % du capital remboursé à l'échéance (hors faillite émetteur).
- Objectif : 4 % à 6 % / an.
- Scénario : vous ne perdez jamais* (sauf défaut banque).
Capital Protégé 📈
Pour qui ? L'investisseur qui accepte un risque mesuré pour dynamiser son patrimoine.
- Protection : capital protégé jusqu'à une barrière (ex: -50 % de baisse).
- Objectif : 7 % à 12 % / an.
- Scénario : vous gagnez tant que le krach n'est pas extrême.
*hors frais éventuels liés à l’enveloppe : assurance-vie, plan épargne retraite (PER), compte-titres, contrat de capitalisation
Il existe une 3ème famille : les produits structurés à capital non garanti. Ces produits n’ont pas de mécanisme de protection ou de garantie et présentent un risque conséquent de perte en capital.
Qu'est-ce qu'un Produit Structuré ?
Contrairement à une action ou une obligation classique, un produit structuré n'est pas un actif simple, mais un titre de créance émis par une banque (Société Générale, BNP, Goldman Sachs...). C'est un "package" contractuel qui combine deux moteurs distincts :
⚙️ La mécanique interne
- Le moteur de sécurité (obligataire) : la majeure partie de votre argent (ex: 80 %) est placée dans une obligation zéro coupon. C'est elle qui permet de reconstituer le capital à l'échéance.
- Le moteur de performance (optionnel) : la partie restante est investie dans des produits dérivés (options) pour aller chercher de la performance sur les marchés (CAC 40, Eurostoxx, etc.).
Analyse : promesses vs réalité
Pourquoi ces produits séduisent-ils autant ? Parce qu'ils définissent les règles du jeu à l'avance. Mais ces règles comportent des limites strictes.
| Avantages | Inconvénients |
|---|---|
| Clarté contractuelle | Complexité & opacité |
| On connaît le gain (coupon) et la protection (barrière) dès le départ. | Les frais sont inclus dans la structure et les mécanismes (décrément) sont difficiles à appréhender. |
| Garantie ou protection | Rentabilité plafonnée |
| Capital soit 100 % garanti, soit protégé (ex. -30 ou -60 %) | Si la bourse explose (+20 %), vous ne toucherez que votre coupon (ex: +8 %). Pas de participation à la hausse illimitée. |
| Décorrélé des marchés | Pas de “garantie à tout moment” |
| Génère du rendement même en cas de baisse des marchés | Durée maximale longue (5 à 12 ans) et la revente avant échéance peut entraîner des pertes. |
Les risques majeurs (à connaître absolument)
Au-delà de la performance, il existe des risques structurels qui peuvent entraîner la perte totale du capital, même sur un produit dit "garanti".
⚠️ Le risque de défaut de l'émetteur (faillite)
Un produit structuré est une dette de la banque qui l'émet. Si la banque (Société Générale, BNP Paribas, Morgan Stanley...) fait faillite, vous pouvez perdre votre capital.
Important : la "garantie en capital" ne couvre pas ce risque. Elle couvre uniquement les variations de marché. Juridiquement, le produit structuré est un "Titre de Créance".
Autres points de vigilance
- 🚫 Liquidité limitée : le capital est garanti à l'échéance (dans 10 ans par exemple). Si vous devez sortir avant, vous le ferez à la "valeur de marché", qui peut être en baisse. La valeur de rachat à un instant T est d’ailleurs rarement corrélée à la probabilité de succès du produit.
- Qualité du produit : tous les produits structurés ne se valent pas. Selon la philosophie du créateur, certains peuvent être peu avantageux pour l'épargnant. Il est essentiel de trouver un interlocuteur de confiance qui propose des produits sains : sous-jacent solide, taux de marge raisonnable, mécanismes de protection efficaces.
- 📉 Indices à décrément : méfiez-vous des indices "maison" créés par les banques qui retirent forfaitairement 5 % de performance par an (dividendes synthétiques). Cela réduit artificiellement la probabilité de remboursement.
Le constat de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers)
Selon une étude du régulateur, une grande majorité des produits structurés sous-performent un investissement simple en actions (ETF) sur le long terme. Les frais élevés et l’absence de réinvestissement (dividende) sont évoqués.
Pourquoi tout de même investir en produits structurés ?
C’est un outil de diversification et de sécurisation du capital particulièrement adaptée à l’épargne en assurance-vie.
Combiné à la possibilité d'avance sur contrat d'assurance-vie (choisir un assureur solide), un produit à capital 100 % garanti peut, dans certains cas, remplacer l'épargne de précaution des livrets ou du fonds euros.
Et dans le contexte actuel des marchés financiers, avec la bourse à des sommets de valorisation (S&P500 qui coûte 25x ses bénéfices contre 16x historiquement), les produits structurés à capital protégé sont un moyen d’obtenir un rendement comparable à ceux de la bourse, sans sa volatilité, et sans le risque de baisse des valorisations.
Cela implique bien sûr des gains plafonnés et une dépendance à la solidité de la banque émettrice, qui fournit les garanties et protections.
Modalités de souscription
Les produits structurés peuvent être logés dans différentes enveloppes fiscales en France, ce qui sera déterminant pour leur fiscalité :
- L’Assurance Vie : l'enveloppe la plus courante, permettant de bénéficier d'une fiscalité avantageuse (même sans attendre 8 ans, tant que l’on reste dans le contrat !)
- Le Plan Épargne Retraite (PER) : très pertinent grâce à son horizon de placement naturellement long, naturellement adapté aux produits structurés à capital protégé
- Le Compte-Titres Ordinaire (CTO) : peut permettre d’éviter les frais de gestion annuels des autres enveloppes citées, mais implique une taxation souvent élevée à chaque sortie de produit.
- Le Contrat de Capitalisation : particulièrement adapté à la trésorerie d’entreprise, c’est une enveloppe similaire à l’assurance-vie, sans clause bénéficiaire ni avantages successoraux.
💡 Focus sur les frais
Le rendement annoncé par l’émetteur (le coupon) est généralement net des frais de structuration. La garantie ou protection en capital également.
Les frais directs sont :
- Droits d’entrée* : entre 0 % et 5 % du montant investi.
- Frais de sortie : souvent nuls aujourd’hui
- Frais de gestion récurrents : souvent 0,5 à 1,5 % selon les contrats. Un contrat “internet” sans conseil sera souvent entre 0,5 et 0,6 %, tandis qu’un contrat accompagné de conseil sur-mesure par un conseiller en gestion de patrimoine agréé se situera le plus souvent autour de 1 %. Certaines banques traditionnelles continuent de facturer 1,5 % à leurs meilleurs clients.
*Chez placementgaranti.com, la règle est claire : 2 % pour les versements entre 10 000 et 25 000 €, 1 % entre 25 000 et 100 000 €, 0 % au-delà de 100 000 €.
Liquidité : rendre le Livret A obsolète ?
Contractuellement, l’investissement en produits structurés doit pouvoir respecter un horizon de placement long (5 à 12 ans). Si un besoin de liquidité survient avant le remboursement automatique, il est possible de désinvestir, mais cela expose à un risque de perte.
Pour éviter cette perte, une solution est de demander une avance à l'assureur, qui permet d'obtenir jusqu'à 60 % de la valeur du contrat en quelques jours, sans mensualité à rembourser, et avec une fiscalité différée. Cette avance peut coûter environ 4 % par an, mais permet de conserver le produit structuré qui vise potentiellement un rendement bien supérieur (par exemple 6 % à capital garanti).
💡 Exemple :
- Capital investi : 50 000 €
- Produit : Capital 100 % garanti avec rendement de 6 % par an
- Durée : 10 ans maximum
- Besoin de liquidité : Avance sur contrat
- Montant disponible : Jusqu'à 60 % de la valeur du contrat, soit 30 000 €
- Coût de l'avance : Environ 4 % par an
- Délai : Quelques jours
- Avantages : Aucune mensualité à rembourser, fiscalité différée
Coût annuel de l'avance
Pour une avance de 30 000 € :
Coût annuel : 30 000 € × 4 % = 1 200 € par an
Bilan économique
Sur vos 50 000 € initiaux :
Rendement du produit : 50 000 € × 6 % = 3 000 € par an
Coût de l'avance : - 1 200 € par an
Gain net : 3 000 € - 1 200 € = 1 800 € par an
Rendement net effectif : 1 800 € / 50 000 € = 3,6 % par an
Résultat : Vous disposez de 30 000 € de liquidités immédiates tout en conservant votre placement qui continue de générer 6 %, pour un rendement net de 3,6 % sur l'ensemble de votre capital.
Ce qu'il faut savoir avant d'investir
Comme tout placement financier, la transparence est clé. Voici les contraintes incompressibles :
- C'est un investissement long terme : même si le produit peut s'arrêter au bout d'un an, vous devez être prêt à immobiliser votre capital jusqu'à l'échéance (8 ou 10 ans). Il est possible de s’affranchir en partie de cette contrainte via le mécanisme des avances sur contrat d’assurance-vie*
- Le gain est plafonné : en échange de la protection, vous renoncez aux performances "totales" du sous-jacent. Si le marché double, vous ne toucherez "que" votre rendement prévu.
- Le risque émetteur : vous prêtez votre argent à une banque. Si cette banque fait faillite (risque faible mais réel), la garantie du capital ne s'applique plus.
Quelle stratégie approfondir ?
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